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SYSTÈME DE SANTÉ: Exigeons des changements, exigeons un plan

Dr Laurent Marcoux, Président-désigné de l’Association médicale canadienne

La Presse – 27 avril 2017

Il n’est pas nécessaire de réinvestir davantage dans le système, mais simplement d’investir différemment.

Créé il y a près de 50 ans, notre système de santé a déjà été qualifié de meilleur système de santé au monde. Il répondait aux besoins des Canadiens et nous en étions tous fiers !

Cependant, aujourd’hui, rares sont les jours où des critiques ne se font pas entendre sur le manque d’accessibilité, sur l’engorgement des urgences et sur l’entassement quasi inhumain des patients dans des unités de débordement.

Nous avons pourtant reconstruit à grands frais nos urgences pour les rendre plus fonctionnelles, nous avons augmenté le personnel médical et soignant, nous avons investi dans des technologies plus performantes, bref, nous travaillons à rendre les structures plus efficaces.

Quelles sont donc les raisons de l’inefficacité du système ?

Notre population est vieillissante : c’est la première fois au pays que les 65 ans et plus dépassent les moins de 18 ans. Des traitements plus efficaces augmentent l’espérance de vie, mais cette longévité accrue s’accompagne souvent de maladies chroniques.

Puis, la société a changé, la pratique médicale s’est complexifiée, les technologies ont évolué, mais les parcours de soins sont restés les mêmes. Certes, nous avons des soins à domicile pour le suivi des malades instables, mais qu’avons-nous pour prévenir l’hospitalisation des personnes atteintes de maladies chroniques ? Avec des conditions de santé sujettes à se détériorer, quels sont les recours pour ces personnes en cas de besoins ? Se rendre aux urgences, attendre une réévaluation par une équipe qui ne les connaît pas ou très peu, refaire des examens, demander des consultations en spécialité ? Le temps s’allonge et les malades âgés sont souvent placés en observation ou à l’unité de débordement…

Ils y passent des heures dans le bruit et l’inquiétude, finissent par perdre leurs repères puis, après plusieurs jours, on n’a d’autre choix que de les hospitaliser. Comme il y a pénurie de ressources en soins de longue durée, l’hospitalisation se prolonge, ce qui réduit le nombre de lits disponibles pour la population active en attente d’un traitement. Tout cela est très coûteux, frustrant et inefficace.

Tout ceci pourrait être évité si ces personnes avaient été prises en charge par une équipe multidisciplinaire dédiée qui les connaîtrait et qui interviendrait à leur domicile, répondant ainsi à leurs besoins avant que la situation ne se détériore.

En fait, l’utilisation inadéquate des établissements de courte durée a d’énormes conséquences sur la santé de la population et sur les finances de l’État.

On y prodigue des soins de longue durée alors que ceux-ci pourraient être livrés de façon plus humaine et à moindre coût dans des établissements dédiés à cette fin.

L’Association médicale canadienne, forte de l’appui de ses membres et de dizaines de milliers de personnes qui ont envoyé près de 100 000 lettres à nos élus fédéraux, a mis de l’avant l’initiative « Exigeons un plan » qui propose des mesures concrètes et adaptées à la situation actuelle (télésoins, mise en place de programmes visant à reconnaître les personnes à risque de devenir de « grands utilisateurs » de soins de santé, stratégies d’atténuation).

Nous proposons des programmes de navigateurs du système accessibles en tout temps et des programmes de répit pour les aidants. Pour que ce plan devienne une réalité, il ne serait pas nécessaire de réinvestir davantage dans le système, mais simplement d’investir différemment.

Nous en sommes donc là ! Il nous faut une innovation de rupture qui tranche avec les façons de faire habituelles afin de soigner convenablement nos personnes âgées. En nous occupant de nos aînés, nous donnerons un second souffle à notre système de santé.

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