La Presse+ – 20 mars 2017
Aujourd’hui, nous nous adressons à vous avec tout notre cœur et toute notre compassion pour nos bâtisseurs : les aînés du Québec. La protection des personnes les plus vulnérables est un devoir universel. Vous le savez, beaucoup de nos aînés vivent une situation de vulnérabilité qui s’exprime par la diminution des capacités physiques ou psychologiques, la perte d’autonomie, l’isolement et des fragilités de toutes sortes.
Des femmes et des hommes qui ont fondé des familles, qui ont forgé notre société et à qui nous devons notre confort et notre richesse peuvent se retrouver dans ces situations. Nous avons maintenant le devoir de les protéger de toutes les façons possibles, y compris en instaurant l’obligation légale de dénoncer la maltraitance envers nos aînés et adultes vulnérables.
Nos aînés sont trop nombreux à subir de la maltraitance. Celle-ci peut prendre plusieurs formes, que ce soit la violence physique ou psychologique, l’abus financier, ou même l’atteinte à la dignité humaine. Ce sont tous ces différents visages que prend la maltraitance qu’il faut combattre.
Oui, l’obligation de dénoncer est une question morale. Mais elle doit aussi devenir une question légale.
Il y a quelques mois, le gouvernement du Québec a présenté le projet de loi 115 pour lutter contre la maltraitance envers les aînés. Bien qu’il contienne des mesures intéressantes, ce projet de loi demeure incomplet, car il ne contient aucune disposition pour obliger la dénonciation de la maltraitance. Ce serait pourtant un outil de haut niveau avec un effet dissuasif puissant.
D’ailleurs, selon un sondage récent, 93 % des Québécois sont en faveur de cette mesure pourtant proposée en 2013 par le Parti libéral du Québec. Malheureusement, l’actuel gouvernement ne veut plus inclure cette disposition dans son projet de loi. L’Ontario, la Nouvelle-Écosse et l’Alberta ont adopté des lois fortes pour protéger leurs aînés. Le Québec doit s’inspirer des meilleures pratiques de ses voisins, chez nous, au Canada.
Une telle mesure reçoit aussi l’appui de nombreux groupes de défense des aînés qui les accompagnent chaque jour dans les CHSLD, les hôpitaux et les résidences privées. Ces organisations représentent des centaines de milliers de personnes, de patients et de retraités qui reconnaissent d’ailleurs que la dénonciation obligatoire serait un outil fort efficace. En plus, le signalement obligatoire des cas de maltraitance protégerait également les professionnels qui signalent les cas d’abus.
Nous savons que l’adoption d’une telle mesure nécessitera des changements importants et complexes, mais il faut avoir le courage de prendre tous les moyens nécessaires pour protéger les aînés vulnérables.
Pensons à chacune des personnes que nous pourrons sortir des griffes de la maltraitance grâce à cette obligation, pensons aux femmes et aux hommes que nous chérissons, pensons à celles et ceux qui nous ont tant donné et unissons nos voix pour demander au gouvernement d’avoir le courage d’agir.