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«Ça m’a pris six mois pour m’en remettre»: des résidents fortement ébranlés de leur éviction de la RPA du Mont-Carmel

Perte du goût de vivre, confusion, stress, déracinement: d’ex-locataires de la résidence pour aînés Mont-Carmel, vidée de ses résidents âgés après son acquisition par un nouveau propriétaire, pansent encore leurs blessures, plus d’un an après avoir été poussés à quitter le lieu où ils pensaient finir leurs jours.

«Ça m’a pris six mois pour m’en remettre. Je m’ennuie de ma vue sur le fleuve», raconte Suzanne Cyr, 74 ans, qui vivait depuis 4 ans dans la résidence située sur le boulevard René-Lévesque, à Montréal.

Pour elle et son conjoint, Daniel Bergeron, 71 ans, Mont-Carmel était l’endroit où ils voulaient finir leurs jours ensemble.

«C’était mon paradis, comme j’aimais l’appeler, puis c’est devenu un enfer», poursuit-elle.

Même son de cloche pour Louise Bourdua, 90 ans, Monique Lebrun, 83 ans, ou encore Yolande Robert, 92 ans, que Le Journal a rencontrées.

Si Mme Bourdua est heureuse d’avoir de nouveau accès à des services, elle s’ennuie de la communauté du Mont-Carmel et du quartier vivant.

«On avait tout à côté: le dépanneur, le métro, les épiceries, la rue Sainte-Catherine. Maintenant, je suis loin de tout», ajoute-t-elle, en expliquant avoir perdu le goût de vivre lorsqu’elle a eu l’avis d’éviction en janvier 2022.

Pour Yolande Robert, 92 ans, le déménagement a eu des conséquences sur son autonomie.

«Avant, j’allais faire des petites courses pour mes voisines. Mais ici, tout est loin. Je ne suis encore jamais sortie de la résidence», raconte-t-elle en montrant ses difficultés à marcher sans sa marchette.

Difficile de s’en remettre

En décembre 2021, le jeune investisseur immobilier Henry Zavriyev, connu pour ses nombreuses évictions de locataires, achète la résidence pour aînés. 

Quelques jours plus tard, tous les résidents ont reçu un avis d’éviction leur indiquant que l’immeuble changera de vocation en devenant un immeuble locatif multigénérationnel.

Après la coupe de plusieurs services, comme l’infirmière ou le concierge, et la fermeture de nombreux lieux communs, comme la bibliothèque ou la salle de spectacle, plusieurs résidents ont décidé à contrecœur de partir.

«Déménager pour moi, ça a été comme déménager le Mont-Royal. Ça a été difficile», souffle Yolande Robert qui vivait au Mont-Carmel depuis 23 ans et qui essaie encore d’apprendre à se sentir chez elle dans son nouvel appartement dans Rosemont.

Plus cher

En pleine crise du logement, devoir se reloger a été une grande source d’anxiété.

«Je ne savais pas où j’allais bien pouvoir aller. Tout est tellement cher, j’ai compté chaque sou que j’avais», explique Monique Lebrun qui souffre d’insuffisance rénale.

L’éviction forcée a eu un coût important, car impossible de se reloger pour le même prix.

«Je payais 1050$ par mois au Mont-Carmel, là, ça me coûte 1600$» affirme Mme Robert.

Pour leur part, Mme Cyr et M. Bergeron paient dorénavant 1000$ de plus chaque mois pour leur logement dans leur nouvelle résidence.

«On savait que ce serait plus cher», soutient Mme Cyr.

Malgré son départ de la résidence, Mme Cyr continue d’accompagner et d’aider ses anciens voisins et voisines à se battre en cour contre l’investisseur immobilier. 

Des audiences sont d’ailleurs prévues au mois de juillet pour outrage au tribunal de la part de l’entreprise de M. Zaviryev qui ne respecte pas l’ordonnance de la Cour supérieure l’obligeant à maintenir l’exploitation et la certification de Mont-Carmel à titre de RPA.

Source: Journal de Montréal

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