Des travailleurs communautaires épuisés mentalement

Améli Pineda – Le Devoir – 18 avril 2018

Manque de personnel, surcharge de travail et sous-financement, après le personnel du réseau de la santé, les travailleurs du communautaire « sortent de l’ombre » estimant que leur santé mentale est à risque.

« Travailler dans le communautaire, c’est souvent un état d’urgence continuel, c’est avoir l’impression d’être le dernier recours pour beaucoup de personnes abandonnées par la société », peut-on lire dans une déclaration publique signée par une cinquantaine d’organismes autonomes qui s’adressent au gouvernement du Québec.

Les signataires veulent que Québec prenne conscience de la précarité vécue par les travailleurs communautaires. Si certains partent « épuisés depuis trop longtemps », d’autres se sentent obligés de compenser, sachant que des personnes en situation de vulnérabilité dépendent d’eux, souligne Raphaël Létourneau, responsable des communications du Regroupement des organismes communautaires de la région 03.

« Le gouvernement doit apporter des solutions financières viables et structurantes pour le mouvement communautaire, car présentement, des personnes sont inévitablement laissées pour compte, autant chez les travailleurs que chez ceux et celles qui fréquentent les organismes », indique-t-il.

L’organisme Viol-Secours, qui aide les victimes d’une agression sexuelle, se désole « d’échapper » encore aujourd’hui des femmes qui ont pris le temps de dénoncer.

« On n’est pas capable de répondre aux femmes dans des délais raisonnables. Elles doivent patienter six mois pour nous rencontrer et c’est déchirant d’écouter une victime pour lui annoncer que sa démarche devra attendre », explique Julie Tremblay, directrice générale de Viol-Secours. Elle estime que ce sont environ 200 femmes qui ont cogné à la porte de l’organisme qui finalement n’iront pas au bout de la démarche à cause des délais.

Avec la vague de dénonciations provoquée par le mouvement #MoiAussi, Mme Tremblay explique également avoir dû faire des choix dans les services offerts par l’organisme, incapable de suffire à la hausse des appels.

« Je suis obligée de refuser les demandes d’écoles qui aimeraient qu’on vienne présenter des ateliers de sensibilisation », confie-t-elle.

Les organismes demandent au gouvernement un réinvestissement massif, estiment que le manque à gagner pour que les 4000 organismes autonomes puissent adéquatement réaliser leurs missions est évalué à 475 millions par an.

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