Remettre en cause le travail en soins à domicile effectué par les médecins au Québec ou, encore, redonner des conditions favorables à ce type de pratique. Voici deux des idées qui seront débattues dans un forum sur les soins à domicile qui se tiendra jeudi et vendredi à Montréal.
Un texte de Davide Gentile – Radio-Canada – 24 mai 2017
« Il faut que les médecins soient plus impliqués dans les soins à domicile », explique Geneviève Dechêne, médecin en soins palliatifs du CLSC de Verdun. Cette professionnelle de la santé a contribué à y bâtir un service de soins à domicile de haut niveau.
Selon Mme Dechêne, ce forum est l’occasion de remettre en cause le peu de travail à domicile effectué par les médecins au Québec.
Partout ailleurs, les médecins travaillent avec des infirmières pour suivre les clientèles en soins palliatifs et celles qui ont des maladies chroniques avancées.
Les lacunes du modèle québécois quant aux soins à domicile sont « une des raisons qui expliquent le débordement de nos urgences », ajoute-t-elle.
D’autres facteurs alimentent le problème, comme le déclin de la structure familiale et le vieillissement de la population. Mais la Dre Dechêne pense que sans un virage vers les soins à domicile, l’avenir du réseau de la santé sera difficile.
Pour enrôler davantage de médecins dans ce genre de pratique, Geneviève Dechêne croit qu’il faut « redonner des conditions favorables à la pratique à domicile ».
Un retard salarial?
Les médecins qui effectuent des soins palliatifs à domicile sont nombreux à dénoncer un présumé retard salarial.
Christiane Martel, présidente de la Société québécoise des médecins en soins palliatifs, affirme qu’il devient difficile de susciter des vocations pour la médecine à domicile.
Ce sont des clients très malades, qui demandent beaucoup de temps. Et la rémunération est moindre que celle offerte en cabinet ou à l’urgence.
Mme Martel ajoute que l’offre de soins à domicile est très asymétrique. « À des endroits, les gens ont accès à tous les services à domicile, tandis qu’à d’autres il n’y a presque rien. »
Geneviève Dechêne estime que la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec ne favorisera pas la pratique de la médecine à domicile et que c’est au ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, d’agir sur ce front.
Une solution au manque de places en CHSLD
Comme lors du forum sur les CHSLD, l’automne dernier, la plupart des grandes organisations syndicales devraient être sur place.
La CSN estime que les soins à domicile « sont le meilleur investissement que l’on puisse faire en santé ». La centrale syndicale y voit une solution au manque de places dans les CHSLD de certaines régions.
La CSN profitera du forum pour réitérer l’importance de faire appel aux travailleurs syndiqués. « Nous déplorons les recours de plus en plus fréquents au secteur privé », indiquait, mardi, la CSN dans un communiqué.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé souhaite de son côté que « ce forum ne soit pas qu’une opération de relations publiques ». L’APTS souhaite des solutions concrètes en soins à domicile pour éviter d’aggraver le problème des urgences.
Plusieurs établissements présenteront leurs méthodes à ce forum de deux jours. L’automne dernier, les dirigeants des établissements avaient dû prendre des engagements écrits au terme du forum sur les CHSLD.
Le ministre Gaétan Barrette, qui participait à ce forum, avait clôturé la rencontre en annonçant un investissement supplémentaire de 65 millions de dollars qui a permis d’embaucher plus de 1000 employés supplémentaires dans les CHSLD.