TVA Nouvelles
| Publié le – Mis à jour
Le gouvernement Couillard suscite la grogne des têtes blanches ces temps-ci pour plusieurs raisons. Mais la principale, c’est l’abolition du crédit d’impôt qui, à partir de cette année et d’ici cinq ans, touchera 500 000 personnes nées après 1951 et qui perdront un montant de 500$ sur une base annuelle.
«Si tu es député du Parti au libéral, de voir les quatre principales associations représentant les aînés ou les retraités ensemble avec les trois partis d’opposition, disons que tu n’aimes pas ça beaucoup, beaucoup, estime Bernard Drainville, en ouverture de l’émission «La Joute».
Et les deux cas rapportés dans les médias ces derniers jours concernant des personnes âgées laissées au sol de longues heures avec une hanche fracturée ne feront rien pour réduire la pression sur les libéraux, précise-t-il.
«Avec un gouvernement libéral qui nage dans les milliards de surplus et qui coupe les aînés les plus vulnérables, l’addition des deux, ce n’est pas trop bon politiquement.»
Rappelons que l’abolition du crédit d’impôt accordé en raison de l’âge avait été annoncée en mars 2015 par le gouvernement Couillard. La mesure entre officiellement en vigueur en 2017.
«Goodbye Charlie Brown»
De son côté, Luc Lavoie, analyste à «La Joute», s’étonne qu’à ce moment-ci, les libéraux ne semblent pas avoir compris que les retraités forment le groupe de pression le plus puissant dans la société actuelle. «Ce sont les retraités parce qu’on a une société vieillissante. Ils prennent leur retraite à 65-66 ans, ils sont encore en bonne forme, ils peuvent encore faire du militantisme et être très actifs.»
En 1985, le gouvernement conservateur de Brian Mulroney avait frappé un mur en voulant désindexer les pensions de vieillesse. Le fameux «Goodbye Charlie Brown». «Il s’était fait prendre par une dame qui s’appelait Solange Denis. Ils avaient reculé à toute vitesse», rappelle-t-il.
Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a tenté de calmer le jeu cet après-midi lors de la période de questions à l’Assemblée nationale en soulignant qu’aucune personne âgée vulnérable ne serait touchée par l’une des mesures qu’il annoncera dans son prochain budget. Peu de gens ont été rassurés.
«Entre ses premières déclarations de la semaine dernière et celle d’aujourd’hui, Leitao n’arrête pas de reculer. Bientôt, il va avoir le dos collé au mur, prédit Bernard Drainville. Les libéraux réalisent en ce moment qu’ils sont en train de payer un coût politique très élevé», observe l’ancien député péquiste, selon qui le téléphone ne dérougit pas dans les bureaux des députés libéraux. Autant d’électeurs insatisfaits qui poussent leur représentant à corriger le tir.
Selon Luc Lavoie, le gouvernement Couillard devra manœuvrer avec une très grande prudence dans ce dossier. «À 18 mois des élections, les libéraux vont devoir se réaligner, soutient-il, car le dommage causé par cette affaire, qui n’en valait finalement pas la peine, peut s’étendre. Les gens peuvent dire: « ils nous ont menti une fois, ils ne nous l’avaient pas dit, on les a fait reculer, on ne vote plus pour eux autres ».»