Deux mois après l’entrée en vigueur de sa nouvelle grille tarifaire, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) s’ajuste une première fois. Dès octobre, les prix de plusieurs titres seront diminués afin de « réduire l’écart tarifaire avec les anciens titres unitaires » donnant accès aux métros de Laval et Longueuil.
HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE
En avril, dès le moment de la présentation de ces nouveaux « tarifs métropolitains » — réunissant le métro, les autobus et le futur Réseau express métropolitain (REM) —, de nombreux usagers des couronnes nord et sud avaient dénoncé devoir débourser 5,25 $ pour un titre unitaire, contre 3,50 $ par le passé.
« Pour un couple qui prend le métro à Longueuil pour se rendre à Montréal, on parle d’une vingtaine de dollars pour un déplacement. À ce prix-là, l’automobile devient très concurrentielle » avait notamment martelé le porte-parole de l’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud, Axel Fournier.
Il semble donc que l’ARTM ait entendu ces revendications. Son conseil d’administration a entériné jeudi que dès le 1er octobre, tous les titres unitaires pour circuler dans les zones AB, soit Montréal, Laval et Longueuil, passeront de 5,25 $ à 4,50 $. Le prix de deux passages sera abaissé de 10 $ à 9 $. Et pour 10 passages, on devra maintenant débourser 42,50 $, soit 2,50 $ de moins que ce qui était initialement prévu.
Pour les 17 ans et moins ainsi que les 65 ans et plus, qui bénéficiaient déjà de rabais, le titre unitaire coûtera dorénavant 3 $, les deux passages, 6 $ et les dix passes, 28,50 $.
Selon l’Autorité, cet ajustement « permettra une transition graduelle vers le plein tarif, en 2025 » — au moment où le REM devrait être pratiquement complété — en réduisant « l’écart tarifaire avec les anciens titres unitaires donnant accès aux services de métro à Laval et Longueuil » « Cela offre également une réduction encore plus importante aux usagers occasionnels qui devaient acheter plusieurs titres pour un seul déplacement avant juillet 2022 », signale l’organisme.
Le directeur général de l’ARTM, Benoit Gendron, dit constater « que la demande de déplacement sort de plus en plus du métro-boulot-dodo avec plus de déplacements atypiques et occasionnels ». « On voit aussi revenir en force les épisodes de congestion automobile. Avec cette mesure, on facilite davantage les déplacements occasionnels en transport collectif entre les deux zones centrales dans un contexte de mobilité́ plus difficile », a-t-il souligné jeudi.
« Pas parfait », avouent Longueuil et Laval
Dans une déclaration commune transmise à La Presse jeudi, le maire de Laval, Stéphane Boyer, et la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, ont affirmé que « plusieurs discussions ont eu lieu pour atténuer les répercussions de la refonte sur les utilisateurs occasionnels du métro ».
« Nous nous réjouissons que l’ARTM ait accepté de réviser les tarifs et d’ajuster le tir. […] La solution n’est peut-être pas parfaite, mais elle démontre la capacité d’être à l’écoute des citoyens, tout en respectant les nouvelles orientations de la refonte », avancent les deux élus, en saluant la collaboration de tous les acteurs « pour parvenir à ce compromis ».
Dans une déclaration individuelle, la mairesse Fournier a aussi estimé que ces réductions de prix permettront « une transition plus en douceur vers le nouveau cadre tarifaire, au bénéfice des citoyens […] effectuant des déplacements occasionnels en métro vers Montréal ».
« L’ARTM offre ainsi davantage d’équité, ainsi qu’un incitatif supplémentaire permettant de se réapproprier les transports collectifs. C’est d’autant plus vrai avec les répercussions attendues du chantier de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine », a encore évoqué Mme Fournier.
Axel Fournier, lui, a déploré jeudi que « l’ARTM ne fait que repousser dans le temps, une hausse inacceptable ». « Ce timide changement tactique démontre tout de même que la pression populaire a de l’impact. Nous continuerons à mettre de la pression », note-t-il.