Les CHSLD à bout de souffle

Le gouvernement du Québec a promis de l’argent, des places et du personnel supplémentaires dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) au cours de la dernière année. Mais les chiffres annoncés seront-ils suffisants pour régler les problèmes et affronter le vieillissement de la population ?

 

Pas une journée ne passe sans que le cabinet d’avocats Ménard, Martin, spécialisé dans la défense des victimes du système de santé au Québec, reçoive un coup de téléphone à propos d’un problème en CHSLD. Depuis quelques années, « on en a nettement plus », assure l’avocat Jean-Pierre Ménard.

 

Au coeur de ces appels, on retrouve des cas d’erreurs de médication, de chutes ou de gens qui ne peuvent pas manger convenablement. « C’est difficile de ne pas associer les compressions à ça, dit M. Ménard. Il y a moins de personnel, donc les patients chutent plus. Il y a moins de personnel, donc plus de pression, et cela augmente le risque d’erreurs de médication. »

 

Selon le dernier rapport publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) sur les incidents et les accidents survenus lors de la prestation de soins et de services de santé au Québec, 210 628 incidents et accidents ont été répertoriés durant l’année 2015-2016 dans les CHSLD. Cela représente 44 % de ces événements dans le réseau, soit un peu plus que ceux signalés dans les centres hospitaliers (43 %). « Ce n’est pas la faute des employés, note Jean-Pierre Ménard. On leur impose des cadences de travail qui n’ont pas de bon sens. »

 

Un manque de personnel

 

« Le nombre de personnes sur le terrain n’est pas suffisant », note Sonia Éthier, vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et responsable des dossiers liés aux travailleurs membres du secteur de la santé. « Lorsqu’il y a trois cloches qui sonnent en même temps et que je suis seule pour y répondre, à qui est-ce que je réponds en premier ? On en est rendu là », déplore-t-elle. Dans des CHSLD où l’on retrouvait trois infirmières auxiliaires pour une trentaine de patients il y a une dizaine d’années, le poids de la même tâche repose parfois sur une seule aujourd’hui, affirme-t-elle. « [Les infirmières] veulent accomplir leur travail à 100 % pour que ces personnes soient en sécurité et bien soignées. Mais elles n’y arrivent pas, parce qu’il y a un manque de personnel. »

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