Les finances des aînés au coeur du 2e plan de Québec contre la maltraitance

Québec entend poursuivre et améliorer ses efforts pour lutter contre la maltraitance des personnes âgées, y consacrant une enveloppe de 45,8 millions de dollars sur six ans, en vertu d’un plan qu’il a dévoilé jeudi.

Ce deuxième plan du genre du gouvernement libéral, présenté par la ministre responsable des Aînés, Francine Charbonneau, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes aînées, s’échelonnera de 2017 à 2022.

Mathieu Dion – Radio-Canada

Selon la ministre, deux nouveaux objectifs ont été ajoutés dans cette nouvelle stratégie, soit la promotion de la bientraitance des personnes âgées et la lutte contre la maltraitance matérielle et financière, car les mauvais traitements ne sont pas toujours physiques ou verbaux.

« Selon les données recueillies par la Ligne Aide Abus Ainés et le projet pilote d’entente sociojudiciaire en Mauricie-Centre du Québec, [la maltraitance financière] est le type de maltraitance le plus fréquemment rapporté avec la maltraitance psychologique. », a précisé la ministre Charbonneau.

Plusieurs mesures spécifiques seront mise en oeuvre pour lutter contre ce type particulier de maltraitance, a promis la ministre.

La maltraitance envers les personnes aînées peut prendre plusieurs formes et survenir dans tous les milieux. Trop souvent, elle est passée sous silence.

Francine Charbonneau, ministre responsable des aînés

Une cinquantaine de mesures

Selon un communiqué, le nouveau plan comprend une cinquantaine de mesures destinées à lutter contre ce type de mauvais traitements.

La stratégie s’articulera principalement autour d’un forum sur la maltraitance financière, d’une campagne sociétale de dénonciation de la maltraitance, du maintien de la Ligne Aide Abus Ainés et de la mise en place de visites d’amitié auprès des personnes âgées issues de diverses communautés culturelles.

Selon Québec, « ce plan d’action témoigne de la volonté de mobiliser tous les acteurs concernés pour créer une société toujours plus respectueuse des personnes aînées, plus inclusive et bientraitante ».

« La bientraitance est essentielle pour prévenir la maltraitance. Elle vise le bien-être, le respect de la dignité, l’épanouissement, l’estime de soi , l’inclusion et la sécurité de la personne », a expliqué la ministre Charbonneau en conférence de presse.

Nos gestes, combinés avec ceux de tous les acteurs qui travaillent au mieux-être des aînés, contribueront à bâtir un Québec où chacun peut vieillir dans la dignité.

Francine Charbonneau, ministre responsable des aînés

Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades (CPM). Photo : Radio-Canada

« Québec devrait avoir honte »

Le Conseil pour la protection des malades (CPM), qui se veut la voix des usagers du réseau de la santé, a réservé un accueil glacial au plan d’action de Québec.

Le plan passe à côté des bonnes pratiques pourtant connues et réclamées par les experts, les usagers et le CPM depuis fort longtemps déjà.

L’avocat Paul G. Brunet, président du CPM

Au sujet de l’un des principes directeurs du plan voulant que « toute personne aînée a droit au respect de son intégrité physique et psychologique », Me Brunet a déclaré que « l’État répète depuis si longtemps cette phrase qu’elle ne veut plus rien dire ni sur papier ni sur le plancher de chaque CHSLD dont il est pourtant le principal exploitant ».

Et à ce titre, le gouvernement « devrait avoir honte de laisser choir sur les citoyens la responsabilité d’un environnement exempt de maltraitance, alors que par les restrictions budgétaires qu’il impose aux CHSLD, il a fait dire à des usagers qu’il est lui-même maltraitant », a également laissé tomber le porte-parole du CPM.

L’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) a mieux reçu l’annonce de la ministre Charbonneau. Sa présidente, Judith Gagnon, a dit constater « une évolution » avec les nouvelles mesures, mais il faudra selon elle aller plus loin.

C’est un pas vers le mieux-être. Est-ce que ça va enrayer tout? Je ne crois pas. Est-ce que ça va plus loin? Oui, je le crois.

Judith Gagnon, présidente de l’AQDR

Parmi les mesures que Mme Gagnon trouve « intéressantes », celles qui touchent la maltraitance financière ont le plus retenu son attention, en particulier la mise à contribution de partenaires spécialisés comme l’Autorité des marchés financiers et la Société d’habitation du Québec.

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