Un article paru cette semaine (dans un quotidien montréalais) s’inquiétait de la possible manipulation des listes d’attente en chirurgie afin d’éviter qu’un établissement soit pénalisé financièrement s’il n’atteint pas les cibles imposées par le ministre de la Santé.
Le problème quand on exige des établissements qu’ils soient performants pour toucher du financement, c’est qu’ils fassent des pieds et des mains pour dire au ministre ce qu’il veut entendre. Nous comprenons bien qu’imposer une pénalité empirerait la situation pour les usagers en attente de services.
Le ministre Barrette refuse de croire que les hôpitaux et les médecins puissent succomber à la tentation de manipuler les listes d’attentes et les statistiques pour répondre aux attentes ministérielles.
Pourtant, le cas des personnes en situation de handicap est éclairant. En 2008, le MSSS mettait en oeuvre le Plan d’accès aux services pour les personnes ayant une déficience dans l’objectif d’améliorer l’accès aux services et de réduire les listes d’attente. Ce plan fixait des délais d’accès à respecter pour un premier service : entre 3 jours pour le niveau de priorité urgent et 1 an pour le niveau de priorité modéré. Ainsi, on retire la personne de la liste d’attente lorsqu’elle accède à un premier service malgré qu’elle continue d’attendre jusqu’à des années pour les autres services requis. Dans la conception même du plan, il y a un biais qui tronque la réalité. (…)
C’est en se basant sur des statistiques qui déforment la réalité que les politiciens minimisent les critiques des groupes communautaires, des syndicats et des employés du réseau.(…)
C’est effectivement ce qui s’est passé en commission parlementaire lorsque Dominique Vien, l’ex-ministre déléguée aux services sociaux, répondait : « [le] plan d’accès de 2008 […] Alors, ça, c’est une action de notre gouvernement dont on peut être très fier, parce qu’aujourd’hui la résorption des listes d’attente est aux alentours de 99 %, aussi bien dire que c’est presque la perfection… ».
Presque la perfection, vraiment? Alors que nous soulignerons la Journée internationale des personnes handicapées le 3 décembre, rappelons qu’au-delà des chiffres il y a des milliers de personnes et de parents en attente de services, et qu’il reste du chemin à faire pour l’inclusion sociale, scolaire et professionnelle des personnes en situation de handicap.
Olivier Martin, Mathieu Francoeur
Mouvement des personnes handicapées pour l’accès aux services