La liste de souhaits pour l’été de la plupart des ménages québécois se ressemble bon an mal an : choisir la prochaine destination vacances, ressortir son sac de plage, aménager sa cour arrière ou son balcon, profiter de bons repas cuits sur le barbecue, tout cela en baignant dans la crème solaire.
Mais pour de trop nombreux ménages québécois à faibles revenus, dont de plus en plus de familles, le seul et unique souhait est d’espérer être capable de se loger dans un logement décent. Un mois après le 1er juillet, les signataires de ce texte souhaitent rappeler à nos décideurs publics ce à quoi sert le logement communautaire et social : offrir à ceux qui en ont besoin un chez-soi dans un milieu de vie sain et sécuritaire.
Depuis 50 ans, les développeurs et gestionnaires de logements communautaires et sociaux ont acquis une expérience incomparable et une solide expertise dans leur domaine. Plus que jamais, leurs actions quotidiennes contribuent à lutter contre les inégalités socio-économiques. Encore aujourd’hui, elles viennent en soutien à 190 000 ménages à faibles revenus et à revenus modestes établis dans toutes les régions du Québec.
Les gestionnaires, les administrateurs et administratrices et le personnel des coopératives, des offices d’habitation et des organismes à but non lucratif se dévouent depuis pas moins d’un demi-siècle à faire en sorte qu’un nombre toujours plus grand de citoyens soient logés décemment, dans des milieux de vie sains et sécuritaires. Au même titre que les professionnels de l’éducation, de la santé ou des services sociaux auprès de populations fragilisées, ces experts de l’habitation sociale et communautaire accompagnent des milliers de ménages québécois chaque année.
À ce jour, la valeur des bâtiments détenus et gérés par ces organismes est estimée à plus de 20 milliards de dollars. Ces actifs immobiliers ont été financés par des fonds publics émanant de tous les ordres de gouvernement. Il va sans dire que les gouvernements d’aujourd’hui ont la responsabilité d’assurer la pérennité de ces investissements en poursuivant le travail entamé par leurs prédécesseurs et en demeurant des partenaires actifs des projets de rénovation et de construction de logements communautaires et sociaux.
Qui penserait aujourd’hui abandonner sa résidence construite de ses mains sans rien faire pour assurer sa pérennité ? Qui penserait aujourd’hui délaisser l’appui offert à des proches dans le besoin afin qu’ils évitent des situations de précarité, ou même d’itinérance ?
Le choix de société effectué il y a 50 ans, à savoir d’investir dans le logement communautaire et social en mettant en place le financement requis pour soutenir les locataires à faibles revenus ou fragilisés, permet aujourd’hui de soutenir ces quelque 190 000 ménages. Cette décision collective contribue en majeure partie à prévenir et même réduire l’itinérance, à offrir à des parents une structure d’habitation permettant à leurs enfants de persévérer dans leur parcours scolaire, ou encore à maintenir une stabilité résidentielle pour des personnes aînées.
Aujourd’hui, nous avons tous intérêt à maintenir ces acquis publics en protégeant notre parc immobilier collectif, en finançant adéquatement le développement de nouveaux logements communautaires et sociaux et en simplifiant les procédures et démarches administratives alourdissant l’avancement de ces projets.
La question du financement adéquat du logement communautaire et social est directement liée au sort de milliers de ménages au Québec. Non seulement un sous-financement chronique contribue à l’augmentation de l’itinérance et à une dégradation de la stabilité résidentielle d’un grand nombre de jeunes familles comme d’aînés autonomes, mais vient assurément diminuer tous les efforts entrepris dans la lutte contre la pauvreté.
En outre, le soutien communautaire prodigué à ces personnes, dont le financement aura avantage à être augmenté, allège la pression mise sur nos services de santé et de services sociaux. Il facilite par ailleurs l’accompagnement de familles immigrantes dans leur nouveau milieu de vie.
La société québécoise doit renouveler son engagement collectif à fournir un toit à tous. Les organisations du secteur de l’habitation communautaire et sociale réitèrent aujourd’hui leur engagement à mettre à profit leur expertise et leur savoir-faire au bénéfice des citoyens du Québec à faibles revenus ou à revenus modestes.
Quels seront les engagements des partis politiques en lien avec les questions du logement au Québec ? Afin de les connaître, les principaux chefs des partis politiques en lice lors des prochaines élections ont été conviés à un débat électoral le 13 septembre prochain, dans le cadre du 8e Colloque du RQOH.
*André Castonguay, directeur général, Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH), Anne Demers, directrice générale, Regroupement des offices d’habitation du Québec (ROHQ), Yves Dubé, président, Fédération des locataires des habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ), Ambroise Henry, président, Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), Véronique Laflamme, porte-parole, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Sandra Turgeon, directrice générale, Confédération des coopératives d’habitation du Québec (CQCH)