23 février 2017 |Texte collectif * | Actualités en société, Le Devoir
Lettre ouverte à la ministre Charlebois
Dans la foulée des actions de la campagne « Engagez-vous pour le communautaire » vous avez été interpellée lors de la période de questions-réponses orales du 7 février, au sujet du sous-financement des organismes communautaires.
Cette campagne, qui réunit l’ensemble des secteurs de l’action communautaire autonome de tout le Québec, réclame un rehaussement annuel de 475 millions. Votre réponse, qui semble nier le problème de sous-financement, en a toutefois déçu plusieurs. Par respect pour les dizaines de milliers de personnes oeuvrant sans relâche au sein de ces organismes, permettez-nous de rectifier certains faits.
D’abord, il est inexact de prétendre qu’il n’y a pas eu de coupes dans le communautaire. Plusieurs organismes ont subi une diminution de leur financement, comme c’est le cas pour les organismes de soutien au logement social. D’autres, comme les organismes communautaires en environnement, ont vu leur programme de financement être supprimé sans préavis ni explication.
Vous dites que le gouvernement investit 1 milliard par année dans les organismes communautaires, mais vous omettez de préciser que seulement la moitié est consacrée au financement à la mission globale. Cette forme de financement, que nous voulons voir augmenter de 475 millions par année, garantit notre autonomie, contrairement aux ententes de service ou par projet qui nous rendent dépendants du réseau public. Le financement à la mission donne les moyens aux communautés de trouver par elles-mêmes des solutions aux problématiques sociales auxquelles elles sont confrontées. Ces communautés, qui sont composées de plus de 400 000 bénévoles, ont démontré depuis plus de 40 ans leur capacité à gérer collectivement et avec rigueur les sommes attribuées.
En ce qui concerne l’indexation, seuls les organismes en santé et services et sociaux voient leur financement augmenter annuellement, mais cela, à des montants bien en deçà de l’augmentation des frais de fonctionnement. Ainsi, l’absence ou l’insuffisance d’indexation a pour conséquence l’appauvrissement des organismes communautaires.
La croissance des inégalités sociales et économiques au Québec n’est pas un mythe. Le sous-financement des organismes communautaires non plus. Le Québec s’appauvrit, et ce sont les personnes fragilisées qui paient les frais de vos choix politiques. Faute de services publics et de programmes sociaux adéquats, ces personnes sont démunies. Lorsqu’elles se retournent vers les organismes communautaires, elles constatent qu’ils ne sont pas en mesure de répondre à la demande. Il est grand temps de rectifier le tir et de réinvestir massivement dans les organismes communautaires, les services publics et les programmes sociaux afin d’assurer le respect des droits de toutes et tous et de réduire les inégalités socio-économiques.
Depuis plusieurs années, vous vous positionnez comme étant la plus grande alliée des organismes communautaires. Cela tombe bien, nous avons grand besoin d’alliés. Le gouvernement doit agir ! Nous nourrissons beaucoup d’espoirs quant à votre capacité de faire preuve de leadership pour que le financement des 4000 organismes d’action communautaire autonome devienne une priorité gouvernementale dans l’ensemble des ministères, et ce, dès le prochain budget.
*Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires, Fédération des centres d’action bénévole du Québec, Fédération québécoise des organismes communautaires Famille, Front d’action populaire en réaménagement urbain, Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec, Regroupement des auberges du cœur du Québec, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, Regroupement des organismes en défense collective des droits, Réseau québécois de l’action communautaire autonome, Réseau québécois des OSBL d’habitation, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles, Table nationale des corporations de développement communautaire