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Pour une conversation nationale

Le projet de loi 15 a fait couler beaucoup d’encre depuis son dépôt à l’Assemblée nationale par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, le 29 mars dernier. Et avec raison. Il s’agit ni plus ni moins du plus gros test du ministre, la pierre angulaire de sa refondation du système, le principal élément sur lequel il sera jugé dans les prochains mois et les prochaines années.

JÉRÔME DI GIOVANNI, PRÉSIDENT CHEZ ALLIANCE DES PATIENTS POUR LA SANTÉ

Revêtant une telle importance pour le ministre, il aurait été naturel que ce dernier retourne toutes les pierres et cherche à mobiliser la société civile comme jamais auparavant. Or, nous assistons depuis le début des consultations à un exercice qui nous a semblé, à défaut d’être exhaustif, plutôt rapide. Devant ce sentiment de précipitation, nous avons d’ailleurs souligné le 11 mai dernier à l’Assemblée nationale l’absence de plusieurs groupes lors des consultations, dont certains d’entre nous. Au lieu que notre système soit réformé par quelques personnes haut placées, nous aurions apprécié une révolution collective qui soit portée par la base, plutôt qu’émanant des officines gouvernementales.

Mais tout n’est pas joué. Le projet de loi n’est pas encore final. Nous avons donc décidé de nous retrousser les manches et de poursuivre nos démarches afin de démontrer au ministre Dubé qu’on peut trouver des idées nouvelles et forger des consensus autour de trois enjeux cruciaux pour l’avenir : la décentralisation du système, la gouvernance et la participation citoyenne. C’est pourquoi le 29 mai dernier, à Montréal, nous avons tenu notre rendez-vous « Pour un vrai changement ». Lors de cet exercice, quelque 26 experts et représentants d’organismes gravitant autour du système de santé et de services sociaux ont échangé autour de ces trois enjeux reliés directement à la réforme lancée par le projet de loi 15, sous l’oreille attentive de 150 observateurs en présentiel ou en ligne.

Les constats sont d’abord que des discussions fructueuses peuvent encore donner naissance à des solutions innovantes au Québec.

L’ensemble des participants a démontré que l’intelligence collective peut être aussi utile pour l’avenir de notre système de santé et de services sociaux que l’expérience en gestion.

Ensuite, les participants se sont entendus sur le fait que si le gouvernement va dans la bonne direction sur un aspect, c’est bien sur la nécessité de réformer le système. Toutefois, la route actuellement empruntée ne semble pas répondre aux préoccupations des experts. Nous sommes d’accord sur le fait que des données fiables et des indicateurs pertinents doivent guider certaines décisions. Ils doivent aussi porter sur l’évaluation de l’amélioration de la santé de la population. Par contre, il faudra aller plus loin sur les manières de réinventer la première ligne, de consacrer le maintien à domicile en tant que mission à part entière, d’opérer un changement de culture, d’inclure des mécanismes de gestion du changement et d’opérationnaliser une véritable gestion de proximité, y compris une gouvernance locale par et pour les usagers.

ENSEMBLE

Comment peut-on atteindre cet idéal ? Un seul moyen : ensemble. Si le rendez-vous du 29 mai a démontré quelque chose, c’est bien la nécessité de sortir du modèle actuel des consultations ad hoc organisées souvent dans des délais très courts, ne permettant pas à tous et chacun d’exprimer son point de vue et de comprendre la réalité des autres. Et le gouvernement est inclus dans cette analyse. Il est plus que jamais nécessaire d’avoir une conversation nationale en continu à propos de l’évolution de notre système de santé et de services sociaux.

La session parlementaire tire à sa fin et l’étude détaillée du projet de loi 15 se poursuivra vraisemblablement à l’automne.

Notre position est avant tout une posture d’ouverture, mais nous n’acceptons pas le constat selon lequel les consultations ont été suffisantes jusqu’à maintenant pour que le ministre et quelques hauts fonctionnaires influents tranchent.

Nous avons déjà joué trop souvent dans ce film.

Il est important de rappeler que le système de santé et de services sociaux est une assurance collective que les Québécoises et les Québécois se sont donnée pour assurer un accès en fonction de leurs besoins. Cette fois-ci le gouvernement a une responsabilité plus grande que jamais, et nous aussi. Nous allons poursuivre la mobilisation et continuer à proposer des améliorations concrètes à cette importante réforme de notre plus important actif collectif : notre système de santé et de services sociaux.

* Cosignataires : Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées ; Pierre Hamel, président du Regroupement provincial des comités des usagers ; Dr Félix Lê Phat Hô, pour le Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé.

Source: La Presse

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