Quatre-vingt-quatorze pour cent de la population québécoise affirme être mal à l’aise de recevoir des soins d’une professionnelle en soins qui aurait effectué plus de 16 heures de travail consécutives. De plus, 80 % de la population estime que les professionnelles en soins sont surchargées et plus du tiers dit avoir été témoin de situation où elles semblaient ne pas avoir le temps de faire leur travail correctement. Ces résultats proviennent d’un sondage réalisé par la firme Léger pour le compte de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ.
« Nous répétons sans cesse au ministre de la Santé que la surcharge de travail chez les professionnelles en soins doit s’arrêter, mais le gouvernement fait la sourde oreille. On espère maintenant qu’il entendra l’opinion de la population québécoise et qu’il saisira tous les dangers que comporte cette surcharge de travail des professionnelles en soins », a déclaré la présidente de la FIQ, Régine Laurent.
Constat d’échec pour les réformes libérales
Pour une très large majorité des répondants (89 %), la situation dans le réseau de la santé est soit pareille ou pire qu’il y a trois ans. Ils sont 72 % à considérer que le gouvernement y a effectué trop de compressions. « La population québécoise n’est pas dupe.
Malgré les prétentions du ministre Barrette, les réformes libérales n’ont rien donné et la prestation des soins ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Au lieu de s’entêter, le ministre de la Santé devrait écouter. Nous lui avons présenté plusieurs solutions qui permettraient d’améliorer la qualité et l’accessibilité des soins », a poursuivi Régine Laurent.
Des ratios et plus de postes à temps complet
Parmi les solutions avancées par la FIQ, figure l’établissement de ratios professionnelles en soins/patients. Des améliorations significatives ont été observées dans plusieurs pays où des ratios de ce type ont été implantés. La qualité et la sécurité des soins ont été augmentées, la surcharge chez le personnel a diminué et on a même noté des réductions de coûts à plusieurs endroits. Dans l’enquête de Léger, 83 % des répondants ont affirmé être en accord pour établir des ratios professionnelles en soins/patients au Québec.
« Nous proposons au gouvernement depuis un bon moment d’instaurer des ratios. Nous sommes prêts à travailler avec lui pour le faire, mais rien n’avance du côté du ministre de la Santé », a déploré la présidente de la FIQ.
Pour pallier à la surcharge de travail chez les professionnelles en soins, la FIQ demande au gouvernement de rehausser le nombre de postes à temps complet pour celles-ci. Présentement, seulement 50 % des infirmières, 33 % des infirmières auxiliaires et 48 % des inhalothérapeutes détiennent un poste à temps complet. Plus de postes à temps complet favorisent la stabilité des équipes de travail et assurent une meilleure dispensation de soins à la population.
« Le ministre est d’accord avec nous pour créer plus de postes à temps complet, c’est même dans la convention collective. Le problème c’est que les gestionnaires des CISSS et des CIUSSS ne l’écoutent pas et refusent de faire le travail avec nous pour rehausser le nombre de postes à temps complet. C’est un non-sens. Le ministre Barrette doit utiliser les super-pouvoirs qu’il s’est donnés et obliger ses gestionnaires à obtempérer », a conclu Régine Laurent.
Le sondage Web a été réalisé par la firme Léger du 26 juillet au 5 août 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1 960 Québécoises et Québécois. La marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1 960 répondants est de ± 2,2 %, et ce, 19 fois sur 20 (dans 95% des cas).