Québec — Le rattrapage salarial que le gouvernement du Québec avait promis aux médecins en 2006 est atteint. Québec ne poursuivra pas ses négociations sur « l’étalement » de la hausse salariale, un processus amorcé sous le gouvernement Marois, il y a quatre ans.
Dans le budget de la semaine prochaine, Carlos Leitão annoncera que le gouvernement vise à ce que la rémunération des médecins augmente désormais au même rythme que l’ensemble des dépenses de santé, a appris La Presse. C’est l’objectif que se donne Québec dans la renégociation générale sur la rémunération des médecins – la précédente est venue à échéance l’an dernier.
Pour Québec, les médecins conserveront leur part du budget de la Santé, soit autour de 21 %, mais devront faire leur deuil des augmentations importantes qui étaient initialement prévues pour eux jusqu’en 2021. Le premier ministre Couillard a déjà indiqué que la hausse du budget de la Santé serait de 4 % pour 2017-2018, et on voudra que les fonds supplémentaires aillent aux soins plutôt qu’aux médecins, explique-t-on.
Déjà, l’automne dernier, le ministre de la Santé Gaétan Barrette avait paru mettre la table en vue de la fin de ces discussions. Le fameux rattrapage salarial était, selon lui, « fait et complété ».
Il invitait les médecins à faire preuve de « conscience sociale » et à accepter la réouverture des ententes conclues il y a 10 ans désormais. Le premier ministre Couillard avait alors reculé d’un pas et, mettant en touche son ministre Barrette, avait confié au négociateur Maurice Charlebois le mandat de maintenir le dialogue sur l’étalement des hausses.
Les mesures d’étalement prévues allaient jusqu’en 2021. De 7,3 milliards de dollars en 2016, l’enveloppe consacrée aux honoraires des médecins devait atteindre 9 milliards en 2020-2021. Déjà l’automne dernier, M. Barrette indiquait qu’il faudrait revoir ces paramètres. « Il faut en arriver à une autre entente, le Québec ne peut aller là, il n’en a pas les moyens », avait-il soutenu. La hausse totale, équivalente à 40 %, est « une impossibilité », prévenait-il, mettant en garde les médecins – ce ne serait pas un bon choix « politique » que de contester en cour la révision des ententes.
Les médecins du Québec ont désormais des conditions salariales comparables à celles de leurs collègues ontariens. Les ententes de 2006 étaient basées sur des projections sur 10 ans. Or, la croissance des revenus des médecins dans les autres provinces a été moindre que prévu – en Ontario, notamment, parce que la province a été frappée par un ralentissement économique.
Financièrement coincé, le gouvernement Marois avait obtenu un report des hausses salariales promises aux médecins ; en revanche, il s’était engagé à négocier l’étalement de ces augmentations sur une plus longue période.
Lorsque le gouvernement a entrepris ces négociations en 2014, un écart de 47 % subsistait entre les salaires versés aux médecins québécois et ontariens. Or, cet écart avait fondu à 10,9 % en 2016 sur la base de l’effort étatique consacré à la rémunération des médecins, selon les données du ministre. Le Québec consacre aujourd’hui 875 $ par habitant pour payer ses médecins, contre 970 $ en Ontario ; cet écart est considéré comme acceptable compte tenu du coût de la vie moindre au Québec.
En 1991, l’écart entre les revenus des médecins québécois et ontariens se chiffrait à 70 %. Quinze ans plus tard, il était à 47 %, et en 2016, il ne faisait plus que 10 %. L’automne dernier, le ministre Barrette soulignait d’ailleurs que l’Alberta avait réduit la hausse salariale qu’elle prévoit verser à ses médecins à 1,5 % d’ici deux ans. Chez les médecins de l’Ontario, cette limite avait été fixée à 2,5 %.