Santé « On est sur la bonne voie »

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« On est sur la bonne voie »

Gaétan Barrette se dit satisfait de constater que les experts invités à analyser ses réformes jugent que ses objectifs sont les bons. En entrevue à La Presse, le ministre de la Santé et des Services sociaux juge toutefois « particulier » que les chercheurs critiquent sévèrement plusieurs réformes « qui ne sont pas encore rendues à destination ».

« Ces experts sont d’accord pour dire que je cible les bons éléments pour améliorer le réseau », lance-t-il. « Les changements s’opèrent. Ce n’était pas simple à faire, et on l’a fait. Mais tout ça ne se fait pas en deux minutes », affirme le ministre, qui assure que les retombées positives commencent déjà à se faire sentir et continueront de livrer des résultats dans les prochains mois.

M. Barrette est d’accord pour dire que pour améliorer au maximum la performance d’un système, il faut des informations sur les coûts par cas dans le réseau et qu’il faut modifier le mode de financement. « Nous sommes justement en train de travailler là-dessus », dit-il. Il ajoute que le Québec n’a « jamais été aussi près » d’implanter un dossier patient unique et qu’une base de données uniforme sera implantée d’ici trois ans.

Entre théorie et pratique

Le ministre affirme toutefois qu’il y a souvent un monde entre la théorie scientifique et la réalité d’un gouvernement devant gérer en fonction des budgets restreints et des décisions du passé.

Pour M. Barrette, le plus grand danger actuellement serait de « critiquer pour critiquer et défaire ce qui est en train de fonctionner ».

Le ministre reconnaît que les gens peuvent se sentir bousculés par ses réformes à la chaîne. « Mais le système ne peut pas être transformé si on n’agit pas sur plusieurs éléments à la fois, et c’est ce qu’on fait. […] Essentiellement, on me reproche de ne pas être encore à destination dans mes réformes. On est sur la bonne voie. On va continuer », soutient-il.

Soins de première ligne

(Verdict des experts : échec)

Le ministre affirme que le Québec est la première administration au monde à avoir fixé des quotas de patients par médecin de famille, mais aussi à fixer un taux d’assiduité de 80 %, soit la proportion des visites médicales devant être faites par les patients auprès de leur médecin de famille. « C’est cet objectif d’assiduité qui va favoriser la prise en charge de patients », dit-il. M. Barrette souligne qu’au Québec, les mesures touchant à la rémunération des médecins sont celles « qui motivent le plus les médecins aux changements ». Il a donc bon espoir que le projet de loi 20 améliorera l’accès aux soins de première ligne. En ce qui concerne les autres professionnels, il affirme que les objectifs de la loi 20 ne pourront être atteints si les médecins ne délèguent pas plus de responsabilités aux autres professionnels.

Temps d’attente aux urgences

(Verdict des experts : échec)

Après avoir investi pour ouvrir plus de lits afin de sortir les patients des hôpitaux, le ministre affirme qu’il investira cette année en soins à domicile. « On développera les équipes multidisciplinaires pour prendre en charge les patients avant qu’ils ne se rendent aux urgences », assure-t-il. Quant à jouer sur le nombre de médecins de garde aux urgences en fonction du volume de patients, M. Barrette le veut bien. « Mais pour ça, ça prend la collaboration des médecins », dit-il.

Aînés

Verdict des experts : échec

Gaétan Barrette estime que les critiques des experts à ce sujet sont totalement injustifiées. « Qui ont été les premiers à mettre sur pied un Forum sur les bonnes pratiques en CHSLD ? C’est nous. Qui ont été les premiers à demander aux PDG du réseau d’améliorer les soins en CHSLD ? C’est nous. Qui a mis un peu d’attention en CHSLD ? C’est nous », dit le ministre, qui ajoute avoir fait un investissement massif en termes d’emplois dans ce secteur. M. Barrette ajoute être en querelle actuellement avec le gouvernement fédéral pour obtenir plus de financement pour les soins à domicile. Il affirme qu’Ottawa promettait au départ 232 millions qu’il comptait mettre « à 100 % dans les soins à domicile », mais que cette somme atteint maintenant 45 millions à peine. « Le fédéral est responsable de ce qui va arriver », dit-il.

Pharmaciens

Verdict des experts : échec

Le ministre se défend de ne pas faire suffisamment de place aux pharmaciens dans le réseau. « Nous leur avons donné quatre nouveaux actes, pour lesquels ils étaient financés. Mais ils n’ont pas utilisé tout le montant », dit-il. Quant aux ristournes versées aux pharmaciens, le ministre croit que les appels d’offres qui pourront être lancés pour l’achat de médicaments permettront à terme de faire baisser ces sommes. Le ministre dit également qu’il n’est pas fermé à l’idée de financer à 100 % les pharmaciens à même les fonds publics pour mettre un terme aux ristournes. Mais il doute que les pharmaciens accepteront un financement qui pourrait être basé sur des ristournes à 15 % alors que celles-ci atteignent actuellement jusqu’à 70 %.

Transformation du réseau

Verdict des experts : échec

M. Barrette juge que les experts qui critiquent ses fusions en disant qu’aucune preuve scientifique n’appuie cette démarche « comparent des pommes et des oranges ». « Il est difficile de comparer des systèmes partiellement comparables », dit-il. Quant à la créativité locale, M. Barrette affirme qu’aucune grande organisation ne peut fonctionner sans être uniformisée. « L’initiative locale peut exister. Mais elle doit être rattachée au protocole. Ce n’est pas vrai que tout le monde dans le système peut faire ce qu’il veut quand il veut », dit le ministre.

Accès aux médecins spécialistes

Verdict des experts : échec

Le député de La Pinière affirme que les centres de répartition des demandes de services (CRDS), quoique confrontés à quelques embûches en début de parcours, porteront leurs fruits à terme. Le ministre souligne qu’avant cette initiative, très peu avait été fait pour améliorer l’accès aux médecins spécialistes. « Quand on aura bien rodé les CRDS, on aura une solution viable. C’est très négatif de critiquer cette mesure. Il faut voir qu’avant nous, il n’y avait rien. Au contraire d’un échec, c’est une avancée », dit-il.

Financement

Verdict des experts : échec

M. Barrette se défend d’avoir négligé un quelconque secteur que ce soit en santé. « La réalité, c’est que nous n’avons pas coupé un seul budget. Oui, on a contrôlé la croissance de façon sévère. Mais aucun secteur n’a été coupé. Il y a eu des restructurations, mais pas de coupes de services. Dire le contraire est faux, dit-il. Oui, dans l’idéal des experts, le système devrait faire ci et ça. Mais les experts devraient prendre en considération la capacité de payer du gouvernement. »

Sur les frais accessoires et les soins de fin de vie

(Verdict des experts : Trop tôt pour le dire et succès)

Le ministre mentionne qu’une semaine après la fin de la saga sur les frais accessoires, le sujet est réglé et aucune catastrophe ne semble survenir. Il estime lui aussi que la loi sur les soins de fin de vie et la politique en soins palliatifs de fin de vie adoptées par le gouvernement sont deux grands succès.

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