Une hausse des normes causerait des fermetures, craint Barrette
QUÉBEC — La hausse des normes de surveillance dans les résidences pour personnes âgées est remise en question, confirme le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette. Il le justifie en disant que des résidences craignent de fermer leurs portes s’il va de l’avant avec un resserrement.
Pour le Parti québécois et la Coalition avenir Québec, M. Barrette ne doit pas reculer sur les mesures qu’il avait annoncées l’an dernier. Ils suggèrent que l’État offre une aide financière aux résidences pour assurer la présence en tout temps d’un « personnel formé et en nombre suffisant », comme le recommande le rapport Delâge sur l’incendie meurtrier de L’Isle-Verte.
Selon des documents ministériels dont La Presse a fait état hier, Québec envisage de permettre à des bénévoles ou à des résidants d’être chargés de la surveillance, le jour comme la nuit, dans les établissements pour aînés autonomes, peu importe leur taille. Dans le cas des résidences pour aînés en perte d’autonomie, Gaétan Barrette prévoit de laisser tomber la hausse du seuil minimal de surveillance qu’il avait annoncée en octobre 2015. La présence d’un préposé aux bénéficiaires supplémentaire par rapport aux normes actuelles était exigée, sauf dans les plus petits établissements.
Lors d’une mêlée de presse, hier, le ministre s’est réjoui de la fuite de ce « document de travail », parce que « ça permet d’avoir un débat sur la problématique ». Ce document résulte des consultations menées sur son projet de règlement initial. Des résidences ont fait valoir qu’elles risquaient la fermeture, a expliqué M. Barrette.
« Il y a des organismes sans but lucratif qui donnent ce genre de services et qui me disent que si on va trop loin en termes d’obligation d’avoir des gens formés et rémunérés, ç’a un impact tel sur le loyer que des modestes citoyens vont se retrouver à la rue. Ou alors il y a des résidences qui vont abandonner la certification et qui vont passer sous le radar » en devenant de simples immeubles d’appartements. « Il y a des conséquences à la décision que je vais prendre », a-t-il plaidé. Quelque 200 des 1800 résidences sont sans but lucratif.
Le ministre dit vouloir donner suite aux recommandations du rapport Delâge. « Maintenant, je dois aussi être pragmatique », a-t-il ajouté. « La réflexion n’est pas terminée. » Il considère avoir fait « un grand bout de chemin » en rendant obligatoire l’installation de gicleurs.