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Soutien à domicile: la question de l’urne des aînés

En campagne électorale, les partis politiques veulent obtenir nos voix et font des promesses pour nous séduire. Les citoyens doivent alors choisir l’enjeu qui leur tient le plus à cœur et voter pour le parti qui semble y répondre le mieux.  

Les enquêtes d’opinion récentes montrent que pour les personnes aînées et celles qui le seront bientôt, un des enjeux les plus importants est l’inquiétude de ne pas pouvoir vieillir dignement chez soi, au point qu’il s’agira certainement d’une des questions de l’urne de ces élections.

L’affection des Québécoises et des Québécois pour les CHSLD a fané il y a plusieurs années. La crise sanitaire a créé un traumatisme profond que le projet de maisons des aînés à lui seul ne suffira pas à guérir. Les personnes aînées s’attendent à une diversité de modèles d’habitations et de soins.

L’opinion publique est favorable au soutien à domicile dans des proportions jamais vues. Les aînés d’aujourd’hui et de demain ont passé leur vie à assumer leurs propres choix, à s’impliquer dans leur milieu, à fréquenter leurs proches et amis. Ils désirent que leurs vieux jours soient à l’image de leur vie active, autant que possible.

Études

De plus, les études et les recherches cliniques démontrent tous les avantages humains et économiques du soutien à domicile: ralentissement de la perte d’autonomie, revitalisation économique et maintien de l’emploi dans les régions vieillissantes, etc. Alors, accélérons le virage!

La vérificatrice générale préconise aussi de rééquilibrer les budgets. L’hébergement institutionnel concerne moins de 5% des personnes aînées, mais représente pourtant 70% du budget, et ce, malgré les injections récentes. Ce sous-investissement chronique conduit le système de santé droit dans le mur. Sans une approche préventive – comme celle préconisée par la gériatrie sociale – les hôpitaux et CHSLD déjà au maximum de leur capacité seront rapidement submergés. On ne peut plus fermer les yeux sur la vague démographique.

Deux vitesses

Enfin, impossible de nier que les programmes actuels en soutien à domicile créent un système à deux vitesses. Le réseau public ne répondant pas aux besoins, les plus riches se tournent vers le privé, et les autres, soit la très grande majorité, frappée de plein fouet par l’inflation, n’ont d’autre choix que de déménager et de liquider le patrimoine familial pour financer leur hébergement. 

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En attendant les conclusions de la Commissaire à la santé et au bien-être, qui visent des transformations sur le long terme, il faut répondre à la hauteur de la crise dès maintenant et tout mettre en œuvre pour rendre accessibles les services de soutien à domicile à toutes et tous. Un virage dans dix ans n’a aucun sens pour les personnes aînées d’aujourd’hui.

L’inquiétude des personnes aînées, de leurs proches aidants et de leurs familles est bien réelle. Ces gens attendent des solutions concrètes dès maintenant. Alors que le Québec s’apprête à choisir la direction qu’il empruntera pour les quatre prochaines années, gageons que, devant l’urne, les personnes aînées se poseront la question à savoir qui répondra le mieux à leurs préoccupations quant au soutien à domicile.

Martin-Charles St-Pierre, président du Réseau de coopération des EESAD (entreprises d’économie sociale en aide domestique)

DStéphane Lemire, président de la Fondation AGES, ainsi que les porte-paroles de la Coalition pour la dignité des aînés: Lise Lapointe (présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec), Pierre Lynch (président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées), Mireille Beaulac (présidente de l’Alliance des associations de retraités), Paul-René Roy (président de l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic), Andrée Lamontagne (présidente du Regroupement interprofessionnel des intervenantes retraitées des services de santé) et Michel Gobeil (président de l’Association québécoise des directeurs et directrices d’établissement d’enseignement retraités)

Source: Journal de Québec

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