Ariane Lacoursière – La Presse+ – 11 mars 2017
Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, n’est pas entièrement satisfait de l’entente conclue avec Ottawa sur les transferts fédéraux.
« On a réussi à avoir plus que ce qui était sur la table. On a été très vocaux. Mais les baisses de la part du fédéral en santé sont juste un peu moindres que prévu. C’est une demi-victoire », a affirmé M. Barrette.
Un peu plus tôt hier, la ministre fédérale de la santé, Jane Philpott, s’était réjouie de l’entente avec Québec. Le ministre Barrette juge « triste » que le gouvernement fédéral « se glorifie de cette journée qui annonce une baisse de la part du fédéral dans le financement de la santé, ce qui aura des conséquences à long terme », dit-il.
Après des mois de bras de fer, Québec a annoncé hier matin qu’il s’était entendu avec Ottawa sur les transferts fédéraux en santé. Au cours des 10 prochaines années, les transferts suivront la croissance annuelle du produit intérieur brut, pour une hausse minimale de 3 %. Le Québec recevra également 2,5 milliards de dollars de fonds ciblés durant cette période et 25 millions de dollars pour financer la formation d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS).
Au départ, Ottawa souhaitait que les fonds ciblés soient dépensés pour les soins à domicile et la santé mentale. Le fédéral a toutefois conclu une entente asymétrique à ce sujet avec Québec. La province pourra donc dépenser ces sommes selon ses besoins. « On n’aura pas un montant x à dépenser en soins à domicile ou en santé mentale, même si ces secteurs demeurent dans les priorités du gouvernement », explique Audrey Cloutier, attachée de presse du ministre des Finances, Carlos Leitão.
Au cours des derniers mois, Ottawa a suscité la colère de Québec en disant vouloir faire passer la hausse des transferts en santé de 6 % par année à 4,4 %, en plus d’obliger les provinces à dépenser des montants ciblés pour les soins à domicile et la santé mentale.
Au cabinet du ministre Leitão comme au cabinet du ministre de la Santé Gaétan Barrette, on estime que le gain du Québec sur l’asymétrie est très important. D’autant que le fédéral a également accepté de signer une entente asymétrique sur un autre programme lié aux infrastructures sociales. Quoique connues par Québec, les sommes exactes liées à ce programme seront annoncées par Ottawa lors de la présentation de son prochain budget, le 22 mars. Québec pourra puiser à même ces fonds, destinés entre autres à améliorer le réseau de garderies au pays, pour financer les services à la population.
L’accord actuel sur les transferts fédéraux en santé prenait fin en avril. Selon cette entente, environ 23 % des dépenses en santé du Québec étaient financées par les transferts fédéraux. Avec la nouvelle entente, cette proportion passe à 20 %. Dans leurs pourparlers avec Ottawa, les provinces réclamaient que 25 % des dépenses en santé soient couvertes par le fédéral.