(Alexandre D’Astous)-S’il se montre réellement à l’écoute d’une part grandissante de sa population, le gouvernement du Québec aurait l’occasion de prendre un tournant plus que jamais nécessaire dans une société vieillissante comme la nôtre : celui de mettre la bienveillance envers les personnes aînées au cœur des missions de l’État québécois.
Tel est le message que souhaite partager la Coalition pour la dignité des aînés alors qu’elle présente ses recommandations en prévision du prochain budget du Québec.
La Coalition pour la dignité des aînés est d’avis que le gouvernement a le devoir de donner aux services publics les moyens d’agir pour que nous puissions enfin parler des injustices dont souffrent les aînés au passé, et aborder les défis du vieillissement démographique comme des opportunités.
Des situations inacceptables
« Les situations inacceptables qui ont fait la manchette pendant la pandémie ne sont pas disparues des vies des personnes aînées avec la fin des mesures sanitaires. Nous l’avons vu avec les cas de négligence en CHSLD cet automne et la hausse rapportée du nombre de plaintes pour maltraitance », illustre Lise Lapointe, porte-parole de la Coalition pour la dignité des aînés. « Ne nous mettons pas la tête dans le sable. C’est pourquoi nous tendons la main au gouvernement et lui soumettons des idées qui permettraient d’améliorer les conditions de vie des personnes aînées de manière rapide et concrète. »
Se concentrant sur le renforcement de la défense des droits des personnes aînées, la priorité à accorder au soutien à domicile au sein du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que l’enjeu de la sécurité financière pour les aînés à faible revenu en pleine crise du coût de la vie, la Coalition est confiante que ses recommandations sauront trouver écho au ministère des Finances. La Coalition les a rassemblées dans un mémoire soumis dans le cadre des consultations prébudgétaires 2023-2024 du gouvernement du Québec.
Recommandations clés :
- Investir au bureau du Protecteur du citoyen pour donner place à une spécialisation aînés (en moyens et en effectifs) dans le traitement des plaintes et les enquêtes;
- Procurer des soins et services tant en quantité qu’en qualité pour assurer le bien-être des personnes aînées, et ce où qu’elles demeurent (domicile, RPA, RI, CHSLD et autres), sur l’ensemble du territoire;
- Rendre automatique le crédit d’impôt pour maintien à domicile à toute personne de 65 ans et plus qui habite dans son propre domicile;
- Créer une nouvelle allocation pour les aînés de 65 ans et plus ayant un revenu inférieur au seuil de revenu viable sous la forme d’un crédit d’impôt remboursable, afin de limiter son impact sur la distribution de la pension de sécurité de vieillesse (PSV) et du supplément de revenu garanti (SRG);
- Limiter les hausses de loyers en RPA à un maximum de 1.5 % à 2 % par année sur l’ensemble du territoire.
Des enjeux d’actualité
Plusieurs des recommandations de la Coalition répondent à des enjeux récemment soulevés dans l’actualité, tel que le projet de règlement déposé en janvier par la ministre de l’Habitation visant à revoir les critères de fixation des loyers en résidence privée pour aînés (RPA). Ce règlement risque d’entraîner des hausses de loyer beaucoup plus importantes que ce qu’admet le Tribunal administratif du logement jusqu’à présent, alors même qu’une grande majorité de personnes aînées subsistent sur un revenu fixe.
« Garantir la dignité aux personnes aînées implique d’agir sur plusieurs fronts. Mais pour nous, la vraie priorité, c’est le soutien à domicile. Avec des soins et des services à domicile adéquats, on peut diminuer la pression subie par les CHSLD et mieux soutenir les proches aidants tout en respectant la volonté des aînés de vivre et vieillir là où ils le veulent » ajoute Paul-René Roy, porte-parole de la Coalition pour la dignité des aînés.
« D’ici 15 ans, c’est 1 personne sur 4 qui aura 65 ans et plus au Québec. Le moment est venu de budgéter pour les prochaines décennies, pas pour dans quatre ans », conclut-il.