Le port d’un appareil auditif pourrait donc ralentir ce déclin, ce qui rappelle l’importance d’assurer une stimulation maximale du cerveau pour optimiser les chances de le maintenir en santé.
«On en a parlé un peu, mais jamais de façon aussi précise que dans (cette étude), a commenté le professeur Serge Rivest, du département de médecine moléculaire de la faculté de médecine de l’Université Laval. Ils font vraiment une corrélation entre (…) une perte de l’audition, puis la possibilité de développer la maladie d’Alzheimer.»
Les chercheurs ont analysé un échantillon de quelque 2400 Américains âgés de 70 ans et plus. Environ le tiers des sujets présentaient une ouïe normale et le tiers une perte auditive modérée ou sévère. Les autres présentaient une perte auditive plus modeste.
Une démence a été constatée chez 6 % des participants dont l’ouïe était normale, chez 9 % des participants ayant une perte auditive modeste et chez 17 % des sujets ayant une perte auditive importante.
Les chercheurs ont utilisé, possiblement pour la première fois, un appareil électronique pour mesurer la compréhension qu’avaient les sujets des fréquences cruciales à la conversation humaine, ce qui a permis une première mesure objective de la perte auditive au lieu d’utiliser ce qui était rapporté par les participants.
«Les chercheurs ont démontré qu’il y avait un certain pourcentage de personnes qui développaient le déclin cognitif plus rapidement lorsque l’audition était plus basse», a dit M. Rivest.
La perte d’audition réduit la stimulation du cerveau, ce qui pourrait augmenter le risque de démence. Elle pourrait également interférer avec les activités sociales de l’individu, et des recherches ont démontré que l’isolement est un facteur de risque pour la démence.
Possiblement que cela explique l’accélération du déclin cognitif chez une personne qui de toute façon va développer une démence, a dit le professeur Rivest.
Il ne faudrait toutefois pas en conclure, précise-t-il, que la seule perte de l’audition sera responsable de l’apparition d’une démence. «Ça peut accélérer les symptômes, mais ce n’est pas une cause directe», a indiqué le chercheur.
L’ouïe n’est pas le seul sens qu’il importe de protéger. Une autre étude, celle-là publiée en 2021, avait établi une association entre une diminution de l’ouïe, une diminution de la vision, ou une diminution des deux, et un risque accru de démence.
«On sait que chez les personnes qui ont des antécédents familiaux, le risque de développer l’alzheimer va doubler ou tripler, a dit M. Rivest. Une des choses qu’on recommande aux gens dans une situation comme ça, c’est de faire des exercices cognitifs le plus possible, des mots croisés, des jeux de tactique… Ça aide à maintenir ces fonctions cognitives (parce que) l’activité cognitive, l’activité cérébrale, aide beaucoup à diminuer les risques de développer l’alzheimer.»
Tous les spécialistes s’entendent sur l’effet protecteur des activités intellectuelles et des interactions sociales face à la démence, a-t-il conclu, d’où l’importance du port d’un appareil auditif tel qu’illustré dans cette étude.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA.