Plus du quart des appels au nouveau Guichet d’accès à la première ligne (GAP) sont réglés sans aucun rendez-vous avec un professionnel de la santé. Résultat : les cas référés à un médecin de famille sont plus pertinents, affirme la FMOQ.
PATRICK BELLEROSE, JOURNAL DE QUÉBEC
Nouvelle porte d’entrée pour les patients orphelins, le GAP se déploie graduellement et rencontre parfois certaines difficultés. Mais la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) apprécie ce «triage» fait avant l’arrivée des patients en clinique, présenté par le ministre Christian Dubé comme un élément clé de son plan pour refonder le système de santé.
Les données fournies au Journal par le ministère de la Santé démontrent qu’environ 28 % des demandes sont réglées sans être transmises à un professionnel de la santé.
Ces appelants «ont reçu des conseils pour se soigner à la maison», indique le ministère.
En fait, sur les 201 529 demandes traitées depuis l’entrée en vigueur du GAP, le 1er juin dernier, seulement la moitié nécessitaient une visite chez un médecin.
Entre 4 % et 6 % des appels ont été orientés vers un pharmacien, tandis que d’autres professionnels de la santé (comme les superinfirmières) ont traité les quelque 15 % de demandes restantes.
Consultations plus pertinentes
Le président de la FMOQ explique que le nouveau système n’entraîne pas une baisse des consultations en cabinet.
«Mais c’est un achalandage qui est plus pertinent parce que, si on l’envoie au médecin, c’est qu’il n’y a personne d’autre qui pouvait régler ça. Il y a encore de l’optimisation à faire, mais il faut commencer quelque part», dit le Dr Marc-André Amyot.
«On est en train de déployer quelque chose de vraiment intéressant», ajoute-t-il.
Pour y arriver, ses membres ont réorganisé leurs horaires de visites et comptent sur une approche multidisciplinaire, où des patients sont parfois vus par un autre professionnel de la santé.
«Ils ne sont pas moins bien traités», assure-t-il, tout en reconnaissant que la pénurie d’omnipraticiens oblige le réseau à se réorganiser.
Changement de ton
L’enthousiasme du Dr Amyot tranche avec les craintes qu’il exprimait l’an dernier. Il faut dire que le premier ministre François Legault menaçait alors d’imposer des pénalités financières aux médecins qui ne suivaient pas suffisamment de patients.
«Ce qu’on craignait, à l’époque, c’était l’utilisation malicieuse et malveillante de ces données-là», dit le président de la FMOQ au sujet des plages horaires que les médecins ont dû rendre disponibles pour créer le GAP.
Au cabinet du ministre Christian Dubé, on se montre optimiste sans être triomphaliste au moment où les urgences débordent au Québec.
«Le Guichet d’accès à la première ligne est une des solutions qui nous permettra de désengorger les urgences. Nous sommes heureux de constater qu’il est en pleine croissance, mais on doit continuer de le faire connaître à l’ensemble de la population», écrit son attaché de presse.
GUICHET D’ACCÈS À LA PREMIÈRE LIGNE
DEMANDES TRAITÉES
- 1-30 sept : 51 869
- 1-15 oct : 46 308
CAS RÉFÉRÉS
Médecine de famille | Pharmacien | Autre service | Réglés sans référence | |
1-30 sept | 53,7 % | 5,3 % | 13,7 % | 27,9 % |
1-15 oct | 52,7 % | 5,9 % | 14,4 % | 28,7 % |