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Crise du logement: les demandes de consultation explosent à l’ACEF

L’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Île-Jésus a vu les demandes de consultation en matière de logement bondir de plus de 400 % au cours du dernier exercice.

D’environ 90 demandes par année, ces consultations sont passées à 425 au cours de l’année financière terminée au 31 mars dernier.

Dans la foulée de la pénurie de logements et de la crise d’abordabilité qui sévit à Laval comme partout ailleurs, la directrice de l’ACEF, Micheline Côté, dit constater tous les jours «l’effritement des droits des locataires».

Avenir sombre

Après le retrait du programme AccèsLogis annoncé en février, le projet de loi 31 en matière d’habitation, déposé le mois dernier, a également été très mal accueilli par le milieu communautaire qui y voit un recul important pour les ménages.

«Le projet de loi ne propose rien pour contrer les hausses abusives de loyer, pas même un registre national tant revendiqué, déplore par voie de communiqué la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval (TROCALL), créée en 2006 sous l’impulsion de l’ACEF. La ministre se range plutôt du côté des propriétaires en modifiant les conditions de cession de bail». On évoque ici la «modification au Code civil du Québec» visant à conférer aux propriétaires le droit de refuser une cession de bail sans motifs sérieux, ce qui pourrait «se traduire par une hausse excessive de loyer et des modifications au bail», suggère la TROCALL.

Porte-parole de la Table régionale et conseillère en logement auprès de l’ACEF, Chantal Dubé ne cache pas son inquiétude. «La pénurie de logement et les hausses abusives de loyers combinés à une crise inflationniste mettaient déjà à genoux les ménages les plus vulnérables, mais l’inattention et la lenteur de notre gouvernement à reconnaître la crise du logement contribuent maintenant à appauvrir et à gruger de nouvelles franges de la classe moyenne. Une bonne partie d’entre elles est à une paye de la descente d’échelon», fait-elle valoir.

Fausse route

La TROCALL reproche au gouvernement Legault de déployer sa politique d’habitation – le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) – autour d’un concept qui ne tient plus compte de la capacité de payer des ménages à faible revenu.

«Pendant 50 ans, la notion de loyer abordable était liée à la portion du revenu qui était utilisée pour se loger; ne pas dépasser plus ou moins 30 % de son revenu était la norme d’abordabilité, rappelle-t-elle dans un récent communiqué. Aujourd’hui, la notion d’abordabilité en logement n’a plus comme référent le revenu des ménages, mais la valeur du logement sur le marché. Cela représente un dangereux changement de paradigme pour l’élaboration des politiques d’habitation».

Concrètement, le coût d’un logement abordable se situe entre 75 et 90 % du loyer médian d’un secteur donné. À Laval, par exemple, loyer médian d’un logement inoccupé est de 1650 $ par mois. Faites le calcul!

Plaidoyer pour le logement social

Les 17 organismes partenaires qui siègent à la TROCALL ont encore sur le cœur l’annonce de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, de ne pas reconduire le seul programme qui permettait de développer du logement social et communautaire.

L’un d’entre eux, le Groupe de ressources techniques (GRT) Réseau 2000+, est chargé de conseiller et d’accompagner le milieu communautaire dans la réalisation de projets d’habitations à loyer modique (HLM), de coopératives et d’OSBL d’habitation.

«La nécessité et l’urgence d’accélérer la sortie de terre des 10 000 unités AccèsLogis, encore prises dans le backlog de 2018, n’est plus à démontrer», rappelle Ronald Dalbec, conseiller aux affaires publiques et partenariats pour le GRT Réseau 2000+.

Au sujet du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui remplace AccèsLogis et déploie une série de mesures incitatives pour les promoteurs privés, M. Dalbec soutient que dans sa forme actuelle, «il ne permet pas de créer durablement des milieux de vie solidaires, inclusifs et autoportants financièrement». La seconde mouture du PHAQ dont l’annonce serait imminente est «attendue avec impatience», ajoute-t-il.

Pour Chantal Dubé, qui vit en coopérative d’habitation depuis une trentaine d’années, le logement social et communautaire est un puissant outil d’émancipation sociale et économique.

«C’est clair que le coût de mon logement va compenser mon absence de fonds de pension et mon statut de membre me met à l’abri d’une reprise de logement», explique-t-elle tout en rappelant au premier ministre que «sortir les ménages vulnérables de la pauvreté c’est aussi créer de la richesse».

En 2020, le parc de logement social et communautaire comptait 4432 unités à Laval, soit seulement 2,5 % du parc immobilier locatif. L’année suivante, on recensait 8200 ménages lavallois qui éprouvaient des besoins impérieux en matière de logement.

Appel à l’opposition libérale

Le mois dernier, la TROCALL a tenu une réunion de travail dans les bureaux de l’ACEF en présence des députées libérales de Laval, dont la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires municipales et d’habitation Virginie Dufour.

«La rencontre s’est conclue par la volonté mutuelle d’approfondir certains enjeux afin d’en arriver à des pistes de solution concertées au bénéfice de la population lavalloise. Cette collaboration pourrait même enrichir le débat portant sur le projet de loi 31 prévu cet automne», termine .la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval.

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