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Des enchères essentielles pour éviter des coffres à sec

Les coffres de Groupe Sélection se vident pendant que le différend entre l’entreprise et ses banquiers entourant la mise aux enchères de ses actifs perdure. Or, sans ces enchères, il n’y aura vraisemblablement plus de nouveaux fonds pour la faire fonctionner à compter de la fin juin, a expliqué vendredi le responsable de la restructuration.

JULIEN ARSENAULT, LA PRESSE

« Nous sommes rendus à la croisée des chemins, [en ce] sens que je ne pense pas être capable d’obtenir davantage de financement intérimaire sans processus de monétisation », a expliqué Christian Bourque, de PwC, vendredi, devant le juge Michel Pinsonneault, de la Cour supérieure du Québec.

Certains créanciers de Sélection – des institutions financières – consentent à débloquer 20 millions supplémentaires pour assurer le maintien des activités du promoteur immobilier et gestionnaire de résidences pour aînés (RPA) qui s’est tourné vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) en novembre dernier.

La condition : le feu vert du tribunal au processus d’enchères des actifs – participations dans des RPA, projets immobiliers et terrains – de Sélection afin de redresser ses finances. L’échéance avait été fixée au 20 mars, mais le syndicat bancaire a accepté que le délai soit repoussé une semaine plus tard.

Débats attendus

Groupe Sélection estime que le plan du contrôleur constitue une « vente de feu » en bloc qui mènera à une liquidation « pure et simple ». Les avocats du fondateur Réal Bouclin proposent un « plan de relance » avec des mises en vente échelonnées dans le temps plutôt qu’en bloc. Cela procurera plus de temps à l’homme d’affaires pour conclure des ententes avec des partenaires financiers et conserver des actifs, plaident-ils dans leur contestation.

Or, réplique M. Bourque, le financement supplémentaire ne permet que d’assurer la poursuite des activités jusqu’au 24 juin. Il faut donc procéder rapidement pour obtenir de nouveaux fonds.

De plus, malgré les démarches effectuées jusqu’à présent par M. Bouclin, le contrôleur affirme qu’il n’a aucune idée de l’identité des potentiels nouveaux bailleurs de fonds de l’homme d’affaires.

« On ne sait pas c’est qui, on ne sait pas c’est quand et on ne sait pas c’est combien », a résumé le contrôleur devant le juge Pinsonneault. « Plus on avance dans le temps, plus les conditions seront restrictives pour accéder à des fonds additionnels. »

D’autres modalités des enchères proposées par le contrôleur suscitent également de la grogne. Des créanciers, qui sont partenaires de l’entreprise québécoise dans certains projets, s’opposent à la suspension de clauses de vente restrictives demandées par le contrôleur. Essentiellement, ces créanciers veulent avoir leur mot à dire s’ils sont concernés par une transaction.

Si c’est le cas, cela pourrait avoir un « effet dévastateur » sur les enchères puisque des « acquéreurs potentiels pourraient renoncer à soumettre une offre si ceux-ci concluent qu’ils n’ont aucune chance raisonnable » de croire qu’elle pourrait être retenue.

Le câble restera, dit Sélection

En lever de rideau de l’audience, les inquiétudes de M. Bourque entourant de potentielles ruptures de service – câblodistribution et téléphonie – dans des RPA parce que des factures sont impayées ont suscité une vive réaction chez l’avocat de Sélection, Joseph Reynaud.

À son avis, le contrôleur a refusé de tenir compte d’éléments qui, a affirmé MReynaud, témoignaient que la situation était maîtrisée en dépit des retards de paiement. Le géant des RPA a même présenté une déclaration sous serment de son chef de la direction financière, Robert Laplante.

Ce sont Évolia et Bläckfist – deux filiales liées à M. Bouclin – qui inquiètent le contrôleur. Ces deux entreprises servent à payer des sous-traitants et des fournisseurs qui font du travail de marketing et d’informatique, notamment. Contrairement à Sélection, elles ne se sont pas mises à l’abri de leurs créanciers.

Évolia et Bläckfisk peuvent donc faire l’objet de mesures de recouvrement.

Dans sa déclaration sous serment, Sélection blâme la « négligence ou [le] refus » du Fonds immobilier FTQ de payer des sommes dues à Évolia et Bläckfisk en lien avec les projets Espace Montmorency et District Union. Cela donne du fil à retordre aux deux filiales, affirme Sélection.

L’entreprise reproche au contrôleur d’avoir « délibérément choisi de ne pas divulguer » les pourparlers des filiales avec les fournisseurs de télécommunications pour éviter des ruptures de service.

M. Bourque a répondu qu’il y avait une façon de tirer les choses au clair.

« La seule façon pour gérer ce risque-là, c’est d’avoir une idée de la santé financière d’Évolia, a-t-il dit au juge Pinsonneault. On a demandé d’avoir accès aux livres comptables d’Évolia. Cela a été demandé de façon formelle. »

M. Bourque n’a toujours pas obtenu de réponse positive.

Source: La Presse

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