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L’inflation étouffe lentement les retraités

Les aînés à la retraite font partie des plus grandes victimes de l’inflation, laquelle a, au mois de juin, dépassé la barre des 8 % pour la première fois depuis janvier 1983.  

MICHEL GIRARD, LE JOURNAL DE QUÉBEC

Il faut savoir que la grande majorité des retraités qui ont travaillé dans le secteur privé ne bénéficient pas d’un régime de retraite.  

Selon les plus récentes données de Statistique Canada sur les régimes de pension au Canada, au 1er janvier 2021, il y a 80 % des employés du secteur privé qui ne bénéficient pas d’un régime de pension agréé. 

Quant à ceux qui ont eu la chance de contribuer à un régime de retraite d’employeur, soit 20 % des employés du privé, ils doivent se contenter de recevoir des prestations non indexées ou, dans le meilleur des cas, partiellement indexées.  

La plupart des retraités du secteur privé doivent se contenter de leurs REER et des prestations gouvernementales, comme la pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), le supplément de revenu garanti (SRG) et les rentes du RRQ (ou du RPC). Heureusement que ces prestations gouvernementales sont indexées, elles.  

Mais en ce qui concerne les REER, non seulement les placements ne sont évidemment pas indexés, mais en plus, l’année 2022 s’annonce vraiment poche avec la chute des marchés boursiers et de la valeur des obligations. 

Les fonctionnaires choyés  

Contrairement au secteur privé où les régimes de pension agréés sont rares, dans le secteur public (gouvernemental), ils foisonnent. Dans l’ensemble du Canada, rien de moins que 91 % des employés du secteur public jouissent d’un régime de retraite. Et 82 % des employés bénéficient de la limousine des régimes de retraite, soit un régime à prestations déterminées, dont les rentes sont basées sur les années de service, et ce, peu importe la performance des marchés financiers. 

Ce sont les fonctionnaires fédéraux qui sont les plus choyés en termes d’indexation des prestations de retraite. Ils sont les seuls, ou presque, à bénéficier d’un régime de retraite à prestations déterminées qui est pleinement indexé en fonction de l’indice des prix à la consommation.  

En cette période de très forte inflation, cela représente un immense avantage financier.  

Les régimes de retraite offerts aux employés de la fonction publique et parapublique du Québec, ainsi qu’aux employés des villes et municipalités, ne sont que partiellement indexés.  

Exemple, voici comment se calcule l’indexation de la rente du RREGOP, le plus gros régime de retraite de la fonction publique québécoise.  

L’indexation de la rente est déterminée en fonction des années de service qui ont été effectuées lors des trois périodes suivantes :  

  • Pour la portion des années travaillées avant le 1er juillet 1982 : la pleine indexation s’applique. 
  • Pour la portion des années travaillées entre le 1er juillet 1982 et le 31 décembre 1999 : l’indexation est égale au taux d’inflation moins 3 %. 
  • Pour la portion des années travaillées à compter du 1er janvier 2000 : la rente sera indexée selon le plus élevé entre le «taux d’inflation moins 3 %» ou le minimum de 50 % du taux d’inflation. 

LA SITUATION AU QUÉBEC  

Quelles sont les sources de revenus de nos aînés de 65 ans et plus? 

Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, les 1,63 million d’aînés de 65 ans et plus se sont partagés en 2019 un revenu total de 63,2 milliards $, soit la somme de 38 773 $ par tête.  

À elles seules, les diverses prestations gouvernementales (PSV : pension de sécurité de vieillesse, SRG : supplément de revenu garanti, rentes du RRQ ou du RPC, etc.) totalisent la somme de 27,4 milliards $, soit 43 % de l’ensemble des revenus encaissés en 2019 par les aînés de 65 ans et plus.  

Par tête de Québécois bénéficiaire, le revenu en provenance de l’État totalise la somme moyenne de 16 900 $.  

À l’échelle du pays, les aînés canadiens ont empoché en 2019 un revenu moyen de 44 456 $, soit 5683 $ de plus que les aînés québécois. 

Voici un aperçu des diverses sources de revenus des aînés québécois.    

LES SOURCES DE REVENUS DES 65 ANS ET PLUS

SIX PISTES DE SOLUTION POUR LES GOUVERNEMENTS 

Dans leur récente étude Un regard éclairé sur le travail une fois à la retraite, le fiscaliste et professeur Luc Godbout, de la Chaire de recherche en fiscalité en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, et sa collègue Suzie St-Cerny proposent aux deux paliers de gouvernement d’adopter d’intéressantes mesures pour inciter les aînés à rester sur le marché du travail.  

  1. Prolonger de 6 à 12 mois la période où il est possible, après le premier versement de la rente du RRQ ou de la prestation de la PSV (prestation de la sécurité de vieillesse) de demander un report à plus tard des versements de la RRQ et de la PSV.  
  2. Rendre les cotisations au RRQ facultatives à partir de 65 ans, comme dans le cas du RPC (le pendant fédéral du RRQ). Avec le RRQ, actuellement, les cotisations sont obligatoires tant qu’on travaille.  
  3. Rendre remboursable le crédit d’impôt pour prolongation de carrière, lequel peut atteindre 1650 $ chez les 65 ans et plus. Cela permettrait aux aînés à faible revenu de bénéficier eux aussi dudit crédit d’impôt. 
  4. Mettre en place un crédit d’impôt fédéral pour prolongation de carrière, une promesse que Justin Trudeau n’a pas encore tenue. 
  5. Exclure du calcul de la récupération de la PSV des revenus de travail de 35 000 $. À l’heure actuelle, si votre revenu net de toutes provenances dépasse le seuil de 81 761 $, vous devez rembourser une partie ou la totalité de la pension de la PSV. 
  6. Repousser l’âge limite de conversion d’un REER en FERR de 71 ans à 75 ans. Cela permettrait à la fois d’optimiser le REER, tout en favorisant le prolongement de carrière. 

Source: Le Journal de Québec

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