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Les cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées « loin des cibles »

Les quatre cliniques ouvertes depuis trois mois dans la région de Montréal accueillent le tiers des 650 patients prévus chaque semaine. Le ministère souhaite néanmoins en ouvrir six autres au Québec cette année.

Lors de l’ouverture d’une nouvelle clinique d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) à Laval en décembre dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, anticipait qu’elle serait « capable d’enlever des urgences environ 300 patients par semaine ».

Vous savez comment j’aime les chiffres, rappelait-il à la blague.

Quelques semaines plus tôt, lors d’une visite dans les locaux de la première clinique d’IPS à Montréal, la directrice des soins infirmiers du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Lina Spagnuolo, disait s’attendre à y recevoir 250 patients par semaine.

Au Centre-Sud, deux petites cliniques à l’Hôpital Notre-Dame et au CLSC de Verdun devaient en recevoir au total une centaine par semaine.

Or, selon une compilation de Radio-Canada, les cliniques d’IPS de la région de Montréal affichent un départ modeste.

Après trois mois, moins de 200 patients au total ont été vus en moyenne par semaine sur les 650 patients prévus dans les quatre cliniques. Rien pour désengorger les urgences fréquentées par des milliers de patients chaque semaine.

Dans l’Est de Montréal, on souligne que le nombre de plages disponibles et le nombre de patients vus ont varié beaucoup au fur et à mesure des semaines puisque les plages accessibles concordaient avec la disponibilité des infirmières praticiennes spécialisées, écrit le porte-parole Carl Boisvert. Trois postes sont attribués à la clinique.

À l’interne, des médecins estiment que les résultats sont décevants.

« C’est très loin des objectifs en ce moment. Et là, on déplace des IPS qui auraient pu rester dans les cliniques. Au lieu de créer des silos additionnels, on aurait dû renforcer le partenariat actuel entre IPS et médecins. »— Une citation de  Une source médicale confidentielle

Le président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Denis Cloutier, ne s’étonne pas des difficultés à recruter des IPS.

Il y a toute une dynamique avec les médecins qui travaillent en GMF de pouvoir libérer ces IPS pour aller travailler dans les cliniques : c’est le premier obstacle, affirme-t-il. L’Est de Montréal est aux prises avec une pénurie aiguë d’infirmières.

Au Centre-Sud, un porte-parole indique que le fonctionnement de ces cliniques est intimement lié à la disponibilité et au volontariat du personnel infirmier.

Une dizaine d’IPS offrent de la disponibilité, de façon volontaire et en rotation, précise Danny Raymond du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

À Laval, une porte-parole du CISSS explique par courriel que deux IPS, une infirmière clinicienne et une agente administrative sont en poste, et l’offre est bonifiée par la présence quasi quotidienne d’une stagiaire IPS et d’une stagiaire clinicienne.

On s’y rend notamment pour des fractures, des otites, des points de suture ou une infection des voies respiratoires.

Des plages de rendez-vous sont maintenant offertes les jeudis pour les enfants 0 à 5 ans.

Un plan pour 23 cliniques

À l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), sa présidente Christine Laliberté a bon espoir que les nouvelles cliniques parviendront à se stabiliser.

Dans la planification à venir, on va pouvoir penser des postes permanents et voir des gens être là de façon régulière pour maintenir les heures d’ouverture et l’offre de service, affirme-t-elle.

D’ailleurs, le ministre des Finances met de côté des sommes significatives pour de nouvelles cliniques d’IPS.

Le gouvernement prévoit, dans le budget 2023-2024, une somme de 395,0 millions de dollars sur cinq ans pour ouvrir 23 nouvelles cliniques d’accès à la première ligne et ajouter des infirmières praticiennes spécialisées et d’autres professionnels en première ligne, prévoit le plan budgétaire dévoilé au mois de mars.

À l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), on salue la volonté gouvernementale tout en demeurant réaliste.

Le succès de cette démarche est lié à la condition de pouvoir compter sur un nombre suffisant d’IPS […] l’OIIQ estime que le gouvernement devra s’assurer de mettre en place les moyens nécessaires visant à encourager les infirmières et infirmiers à poursuivre leur formation universitaire.

Depuis 2021, les IPS peuvent, entre autres, diagnostiquer des maladies, prescrire des examens diagnostiques, prescrire la médication, déterminer des traitements médicaux et effectuer des suivis de grossesse sans la surveillance d’un médecin.

On en compte plus de 1000 au Québec.

Source: Radio-Canada

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