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Les résidences pour aînés sans but lucratif se disent au bord du gouffre

La survie des résidences pour aînés sans but lucratif (RPA-OSBL) est en péril au Québec, selon un regroupement d’organismes. L’augmentation des dépenses, la pénurie de main-d’œuvre et le fardeau réglementaire sont en cause, mais Québec assure répondre à ces préoccupations.

FRÉDÉRIK-XAVIER DUHAMEL, LA PRESSE

L’Auberge du bon temps à Sainte-Monique, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, a annoncé en juin qu’elle allait fermer. « On est une petite résidence dans un petit milieu, et on avait de la difficulté à remplir nos studios », explique la directrice de la RPA-OSBL de 20 logements, Nancy Brisson. Et ça s’est empiré avec la COVID-19, dit-elle, parce qu’« avec toute la mauvaise presse qu’il y a eu, les personnes un peu autonomes ne veulent pas aller dans une résidence pour personnes âgées ».

« On a aussi de la difficulté à trouver des employés », dit la directrice. Il lui était en outre « impensable » dans ce contexte de payer l’installation de gicleurs, tel que le requiert maintenant la réglementation, malgré la subvention offerte⁠1 par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Quinze personnes vivaient toujours à l’Auberge du bon temps lorsqu’elle a fermé. La plupart ont déménagé à Alma, « mais ç’a été très difficile [pour elles] de trouver quelque chose d’abordable », dit Mme Brisson.

« Depuis 2021, plus de 11 RPA-OSBL totalisant plus de 250 unités ont été contraintes de fermer leurs portes », indique le Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH) par communiqué. De plus, « la moitié des RPA-OSBL ont rapporté que leur existence allait être compromise, si aucune aide ne leur était apportée d’ici trois à cinq ans ».

Selon le RQOH, il y a 192 RPA-OSBL représentant 8400 unités locatives au Québec. Elles se distinguent des autres RPA privées « par leur mode de gouvernance, leur ancrage communautaire et le type de clientèle qu’elles desservent : des personnes aînées à faible ou modeste revenu ou qui ont vécu toute leur vie en milieu rural », détaille le directeur général du RQOH, André Castonguay, cité dans le communiqué.

Le sort de l’Auberge du bon temps reflète les difficultés du milieu : augmentation des dépenses et du fardeau réglementaire, pénurie de main-d’œuvre et perte d’attractivité plombent les RPA-OSBL, selon le RQOH.

Richard Maziade, président de la Fédération régionale des OSBL d’habitation Mauricie–Centre-du-Québec et directeur de la résidence Le Jardin, à Trois-Rivières, montre aussi du doigt la lourdeur administrative, qui lui gruge énormément de temps.

On a beaucoup de nos membres qui sont en difficulté. [La résidence] que je dirige n’est pas en difficulté immédiatement, mais ça va arriver.

Richard Maziade

De plus, le fait que les soins offerts dans les RPA-OSBL ne soient pas financés par Québec pèse lourd, selon M. Maziade, alors que la clientèle arrive souvent déjà en perte d’autonomie. « On s’en va comme dans un cul-de-sac », laisse-t-il tomber.

Invité à réagir, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se dit « tout à fait conscient et sensible aux enjeux vécus par les résidences privées pour aînés, que celles-ci soient à but lucratif ou non ».

La porte-parole Marjorie Larouche souligne les améliorations incluses dans la nouvelle mouture du Règlement sur la certification des résidences privées pour aînés, qui entrera en vigueur en décembre. Celle-ci prévoit « une catégorie spécifique aux RPA [sans but lucratif] accueillant des résidants autonomes et des assouplissements ont été apportés pour ces types de résidences […] suivant des échanges avec le RQOH », soutient-elle.

En ce qui a trait au financement des soins, le nouveau règlement « exige de l’exploitant d’une RPA qu’il conclue avec le CISSS/CIUSSS concerné une entente établissant notamment les modalités de dispensation des services », conclut Mme Larouche.

Source: La Presse

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